1966 | QUATRIÈME PHASE DU PROJET KALLISTA : L’IMMORTALITÉ ACCORDÉE AU PEUPLE SOVIÉTIQUE

1966 | QUATRIÈME PHASE DU PROJET KALLISTA : L’IMMORTALITÉ ACCORDÉE AU PEUPLE SOVIÉTIQUE

«Le renouveau du projet Kallista a été voté, rappelle Ivanova, le peuple soviétique tout entier doit mettre à profit leurs années d’efforts. Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère.»

Les visites et les tests médicaux sur la population se multiplient. La fulgurance mondiale des interventions chirurgicales nécessaires à l’évolution vers l’homo-sovieticus est orchestrée par d’anciens hauts fonctionnaires de l’organisme central du Goulag. Après d’innombrables séries de tests concluants, des affiches de communication rappellent les bienfaits de ce traitement pharmaceutique qui s’administre par une journalière dose de Deut’, une solution novatrice qui paraît miraculeuse pour les plus septiques. Le corps humain peut accomplir des tâches physiques sans effort ; une heure de sommeil suffit pour évacuer sa fatigue ; suite à une blessure grave, le corps parvient à se régénérer sans difficulté. Le Deut’ permet même à certaines victimes de la guerre nucléaire de retrouver leur motricité. Le peuple se réjouit et accepte ce traitement, non pas comme un don du ciel, mais comme «un profit de leurs efforts».

Les marginaux, qui se montrent encore hostiles au plan dicté par le programme NeoGen, rassemblent de plus en plus de personnes. Mieux organisés, ils échappent aux contrôles et au traitement. Afin de limiter les agissements et les actions terroristes de ces groupuscules, Ivanova va lancer une véritable traque de ces insoumis qu’elle nommera «les Rats».

Tous les savoirs biologiques et les technologies permettent à l’U.R.S.S de créer le peuple immortel homo-soviéticus, plus d’un milliard et demi d’individus. Un échec et mat sur les autres puissances mondiales. 1966 est l’année de la réussite sans conteste de la recherche en génétique moléculaire russe, devenue la priorité depuis les découvertes de Kuprevich la même année. Dans l’une de ses dernières rares déclarations, Kuprevich proclame :

« L’homme nouveau est immortel ! L’homme nouveau est soviétique ! Je n’ai pas rêver du futur, je l’ai conçu ! »

Face à cette volonté post-humanisme de vouloir interdire toutes les religions, le chiffre 11 devient le symbole des marginaux révolutionnaires peints sur les murs et qui recouvre illégalement les affiche de propagande soviétique au risque d’être envoyé au Goulag.

O.N.Z.E n’était qu’une mouvance occulte, mi-religieuse, mi-philosophique qui prétendait expliquer la cohérence de l’univers par le déséquilibre entre quatre forces : Olt, Nilt, Zya et Elwas ; respectivement ces forces représentent toutes choses fabriquées, toutes choses naturelles, toutes choses spirituelles et toutes choses qui se manifestent par l’esprit. Le fondateur eut le génie de faire connaître son mouvement en évitant soigneusement de répondre à tous les critères de contrôles des représentants soviétiques, et afficher le mouvement O.N.Z.E comme dénué de sacré afin de pouvoir réunir les fidèles sans peur d’être pourchassés et arrêtés. La non-acceptation d’un guide prophète unique, qui répondait à la volonté de ne plus obéir à l’icône d’un chef de partie comme Staline ou Ivanova, fut la première raison du succès du mouvement. La deuxième raison de l’expansion planétaire du O.N.Z.E vînt du besoin de reconnexion avec soi, en tant qu’individu, dans un monde communiste. En effet, tout individu a la liberté de créer ou d’adhérer aux différentes visions des dits “Prophètes”, O.N.Z.E devenant un terrain de jeu pour les disciples d’une nouvelle ère.

Cette même année 1966, les dissidents qui ont refusés de se soumettre à NeoGen pour devenir immortel, deviennent les « Rats » ; chassés et exécutés par des escadrons de sécurité, les membres du Politburo imposent au peuple de devenir immortel, et le comité exécutif néosoviétique interdit le chiffre 11. Il n’en faudra pas plus pour que cette mouvance deviennent le symbole contestataire et religieux par excellence.

Manipulé par une propagande parfaitement orchestrée, le peuple soviétique s’inquiète de l’altération physique qui résulte du vieillissement.

« Si l’on vieillit, déclare un haut fonctionnaire de NeoGen, c’est que notre système biologique de maintenance et de réparation est moins efficace : dans ce processus naturel de régénération cellulaire, notre corps ne fabrique pas assez de gènes, alors que grâce au Deut’ le code génétique conserve son authenticité et régénère naturellement mille fois plus de cellules. »

Face aux déclarations inquiétantes du CPUSA qui gagne en influence aux États Unis accueillant le projet de l’U.R.S.S comme salvatrice pour l’humanité, la coordination de l’U.N.A est centralisée en Angleterre au risque d’affaiblir la crédibilité de Nixon dans la fin de son mandat.